Elle et Lui, ça c’est une comédie romantique !

Et si je parlais enfin cinéma sur l’arbre à papotes ?

Je suis une grande cinéphile et les films que j’aime font partie de ma façon de voir le monde et donc de vous photographier.

À mon sens, Elle et lui, c’est la comédie romantique absolue. La meilleure, la plus belle, la plus intelligente, la plus touchante.

L’histoire est celle d’un playboy et d’une chanteuse qui se rencontrent sur un transatlantique. Ils tombent amoureux. Il est fiancé et doit se marier avec une riche héritière, elle est entretenue depuis quelques années par un homme riche, gentil et aimant. Ils doivent donc décider s’ils sont prêts à tout risquer pour s’aimer. Cary Grant et Deborah Kerr nous partagent leur bonheur d’être ensemble par des répliques piquantes, et des phrases suspendues.

Mais pourquoi ce film est-il si important pour moi ?

( Outre le charme irrésistible de Cary Grant, bien sur !)

Parce que le réalisateur Léo Mac Carey construit son image comme un architecte, toute en symétrie et en séparation.

Dès leur première rencontre, l’image sépare les futurs amants visuellement.

Cary Grant au second plan est séparé de Déborah Kerr par une cloison et semble à l’étroit dans l’embrasure de la fenêtre, c’est un homme “casé”.

Lors du premier tête à tête, la photo du compagnon de Terry s’insinue entre eux….

… mais cet obstacle est vite franchi et laisse entrevoir un arrière-plan suggestif !

Tout au long du film, les amoureux seront séparés par des éléments de décor, des cloisons, des fenêtres, des portes.

Même l’Empire State Building, symbole de leur amour « au plus près du paradis », se dresse entre eux visuellement.

Ainsi, le faux split screen, dans la scène de restaurant, scène très drôle, annonce le drame de l’amour difficile à transposer dans la vie réelle, elle prouve également la difficulté de mettre l’amour à distance. Même lorsque les amants veulent se séparer, ne plus être ensemble, ils sont réunis par la symétrie. C’est trop tard, leurs vies se rassemblent, se répondent et apparaissent liées aux yeux de tous.

La symétrie se trouve également dans l’écriture, les personnages évoluent en miroir. Le « elle » et le « lui » du titre français. La narration se construit en double, elle allie une première partie pétillante de réparties intelligentes et de léger marivaudage à une deuxième partie plus tragique, plus poignante sans jamais sombrer dans la larme facile. Cette absence de larmoiement est due au mensonge de Deborah Kerr, mensonge par fierté, mensonge presque moralisateur, mais qui permet d’échapper au pur mélo.

Il est important de souligner la beauté du Technicolor (que mes captures d’écran ne mettent pas en valeur), les robes orange de Deborah Kerr au diapason de la peau bronzée de Cary Grant. Bronzage qui pallie aux prémices de l’âge, car l’une des grandes qualités du film est de nous parler d’une histoire d’amour entre deux personnages qui ont déjà vécu, qui ne sont pas dupes : leur vie est facile et légère, leurs compagnons respectifs respectables et faciles à aimer.

Ils savent que cet amour rendra leurs vies moins belles, mais ont-ils la possibilité de ne pas s’aimer ?  

Le seul défaut du film sont les scènes chantées par les enfants qui sont trop longues et peu intéressantes, imposées par la Twenty Century Fox qui souhaite rendre plus familial un film dont les deux héros vivent hors mariage :  bizarre et malheureux.

Enfin, lorsque les amants se réunissent dans un long baiser, c’est nous qui sommes tenus à l’écart par la composition de l’image. Mc Carey a cette incroyable idée de ce baiser hors champ, entre les deux ponts du navire. Nous ne voyons rien !

Cette trouvaille cinématographique permet au réalisateur d’enfreindre le code Hays (code de censure du cinéma américain) qui n’autorise pas les baisers plus longs que 3 secondes, mais surtout cela permet de nous mettre, nous spectateur, à distance de leur amour. Alors qu’ils sont séparés par les éléments depuis le début de leur histoire, ils parviennent à se libérer de nous et de leurs vies en s’embrassant entre deux ponts, entre deux continents, entre deux modes de vie …

Elle et lui fait partie des plus beaux films que nous offre le cinéma américain, les détails sont tellement ciselés que le revoir toujours permet de le découvrir chaque fois et trouver une inspiration permanente sur l’art de représenter l’amour.

Et vous ? Vous aimez ce film ?

Elle et lui de Léo McCarey.
Titre original : An affair to remember
Twentieth Century Fox
1957.

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